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Loin des émeutes et des meutes, des foules et des soldes, de la A6, de la A10, loin du bruit, une poignée d’aumôniers invite à déposer armes et larmes, pour un instant de paix au pied de la croix.
“Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés enfants de Dieu !” Matthieu 5:9
Ce texte est extrait de l’un des passages les plus connus de la Bible, le Sermon sur la Montagne, un discours prononcé par Jésus et retranscrit dans l’Évangile de Matthieu. Chaque phrase de ce passage, que je vous invite à relire tant il fait du bien, débute par “Heureux celui qui”.
Jésus y donne des clefs pour accéder au bonheur. Pas le bonheur Gucci, Prada, biceps, Pouvoir et Ambition, évidemment. Jésus invite au bonheur durable. Pour toujours. Une fois, deux fois, trois fois…
“Heureux celui qui” ou “ceux qui” revient dix fois dans le texte.
La pédagogie de la répétition ne laisse planer aucune ambiguïté. Si le lecteur ne comprend pas, c’est qu’il est sourd ou ne sait pas lire.
En quelques mots, Jésus indique le chemin du bonheur. Et, comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule : on ne peut pas faire plus simple pour y accéder : il faut partir d’en bas, de tout en bas.
Depuis 2000 ans, Jésus s’adresse donc aux hommes et aux femmes d’aujourd’hui. Et son slogan est inusable, à l’épreuve du temps, mieux que Audemars Piguet et Jaeger-LeCoultre réunis :
“Un bonheur durable éternellement.”
Ça vous dit ?
Dit comme ça, je sais, ça semble ironique.
Mais, soyons sérieux : est-ce que vous vous rendez bien compte ? Du-ra-ble : le graal, la Mecque de la lutte contre le réchauffement climatique et la porosité du livret A.
Qui ne veut pas du “durable” aujourd’hui ?
Une imprimante durable, un monde durable, des voitures durables, du développement durable, des chaussettes durables… Qu’on soit écolo ou biscottos, pour beaucoup, la durabilité, qui n’est jamais loin de la survivabilité, c’est le but ultime à atteindre. Last standing man. Clint Eastwood, Rambo, MacGyver et Tyler Rake sont dans une barque sur le lac de Galilée… Jésus dit…. Que pensez-vous qu’il advint ?
Quand on éteint BFM et Netflix, les lois de la physique et le fil de nos existences reviennent vite toquer à la porte : c’est bien, et c’est noble de se battre. C’est même, souvent, ce qui fait l’honneur de l’homme. Mais quoi que nous fassions, notre monde est voué à l’usure.
Les plantes, les objets, les télécommandes, l’argent, nos corps, les relations, nos vies, même notre bonheur, tout s’use ici-bas, qu’on le veuille ou non. Les joues s’affaissent, les souvenirs s’évanouissent, les falaises s’effritent, les galets roulés par les vagues du temps deviennent du sable puis filent entre les doigts.
À vouloir embarquer trop de biceps sur le lac de Galilée, la barque finira par couler, comme Pierre. Jésus nous dit que ce sont les faibles qui sont heureux. Il ne souhaite pas que nous soyons faibles, mais il laisse la faiblesse recouvrir et rouler ces galets de nos vies car il connait le cœur de l’homme. Il sait que, tant qu’en subsistera une once de vanité, une radicelle d’orgueil, alors, nous ramerons en vain.
“Heureux les pauvres en esprit”, “les affligés”, “ceux qui sont doux”, “ceux qui ont faim et soif de la justice”, “ceux qui ont de la compassion pour autrui”, “ceux qui ont le cœur pur”, “les artisans 1 Ne vous inquiétez pas : moi aussi j’ai dû vérifier les syllabes dans le dictionnaire. de paix”, “ceux qu’on persécute parce qu’ils agissent comme Dieu le demande”, “heureux si les hommes vous insultent parce que vous croyez en moi”, dit Jésus.
Dans l’introduction de la prédication, Nathalie, aumônier militaire, donne le la :
“La paix c’est la finalité de toute action militaire.”
Bien sûr ! C’est évident maintenant. Qui souhaite davantage la paix que celui qui a vécu la guerre ?
Heureux ceux qui savent qu’ils ne possèdent rien, car ils recevront tout ce dont ils ont besoin, et bien davantage.
En conclusion du culte, cette magnifique prière dont voici un extrait :
“Je demandais la force, afin de pouvoir accomplir ma tâche ; je reçus la faiblesse, afin d’apprendre à obéir. […] Je ne reçus rien de ce que je demandais, mais tout ce que j’espérais. Presque malgré moi la prière de mon cœur a été exaucée. Je suis bénie.”
Elle aurait été écrite par un soldat pendant le Guerre de Sécession. Du haut de mes un mètre quatre-vingt, je ne vois pas plus loin que là ou mon regard porte, tous mes neurones, toute ma ruse, toute mon intelligence, toute ma malice, toutes mes compétences, tout mon savoir, toutes mes sciences, tous mes alliés, toutes mes armées ne dominent pas grand-chose de Ton univers.
Je connais ma terre, mais je veux m’attendre à ton Royaume, comme un enfant ouvre les yeux sur le monde, pour la première fois.
Un programme réalisé par Elkana Randrianaivo et produit par france.tv studio pour France Télévisions
Christophe Zimmerlin, pour Présence Protestante