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Józef et Wiktoria Ulma ainsi que leurs sept enfants vont être béatifiés ce dimanche 10 septembre à Markowa en Pologne. Une béatification historique et symbolique à plus d’un titre.
Ils ont vécu l’Évangile jusqu’au bout. Jusqu’au don de leur vie, une vie quotidienne simple et aimante, pour les autres. La famille Ulma, Józef et Wiktoria ainsi que leurs sept enfants – y compris un bébé qui a perdu la vie au moment de sa naissance – a été exterminée le 24 mars 1944 en Pologne par les nazis pour avoir caché des juifs. Ils ont été exécutés avec les huit membres de la famille juive qu’ils hébergeaient depuis un an et demi, les Goldmann. Alors que ces derniers étaient poursuivis et persécutés, ils ont trouvé refuge au sein du foyer des Ulma. La famille bien que consciente du risque les a caché, leur offrant un toit, de la nourriture et une amitié sans faille.
En 1995, Wiktoria et Józef Ulma ont reçu à titre posthume le titre de Justes parmi les Nations. Leur procès en béatification a commencé dans le diocèse de Przemyśl en 2003. En 2017, les autorités ecclésiastiques ont décidé de le séparer du procès des 88 martyrs de la Seconde Guerre mondiale. En mars 2021, le postulateur de la cause de béatification, le père Witold Burda, a déclaré que dans le cas de la famille Ulma, une tentative a été faite « pour montrer qu’ils ont été martyrisés pour leur foi au Christ ». La même année, la commission historique de l’ancienne Congrégation pour les causes des saints a évalué positivement la positio de la famille Ulma, c’est-à-dire un document décrivant leur vie et la preuve de vertus héroïques. Le 17 décembre 2022, le pape François a approuvé un décret sur le martyre de la famille de Józef et Wiktoria Ulma de Markowa, avec leurs sept enfants ouvrant ainsi la voie à la béatification de la famille.
Ils vivaient leur foi de manière authentique.
« Les deux époux savaient qu’ils risquaient la peine de mort en cachant des juifs, mais ils n’ont pas renoncé pour autant. C’était un choix inspiré par l’Évangile, qu’ils ont mis en pratique », a expliqué Manuela Tulli, vaticaniste italienne et coauteur d’un livre sur la famille Ulma, à IMedia. « Dans la Bible qui a été retrouvée dans leur maison, leurs proches ont remarqué qu’ils avaient souligné, avec un crayon, la parabole du Bon Samaritain (Lc 10). Ils vivaient leur foi de manière authentique. »
Plusieurs éléments sont remarquables dans le témoignage de la famille Ulma. D’abord, la sainteté simple et quotidienne de cette famille. Elle incarne les fameux « saints de la porte d’à côté » chers au pape François. « Ils ont donné leur vie de façon héroïque, mais dans la vie ordinaire », rappelle la vaticaniste. « Le père, Jozef Ulma, avait simplement voulu aider des amis, il connaissait personnellement cette famille juive. Alors, ils se sont organisés simplement pour préparer les repas, faire la lessive ensemble… C’était un foyer joyeux. »
Béatification d’un bébé non-baptisé
L’événement est aussi exceptionnel dans l’histoire de l’Église car c’est la première fois qu’une famille entière est béatifiée et collectivement reconnue comme martyre. Y compris un bébé qui a perdu la vie au moment de sa naissance. « C’est en effet la première fois qu’une famille entière est béatifiée, d’un seul bloc », reprend Manuela Tulli. « Le septième enfant constitue un cas particulier car sa tête, sortie du ventre de la maman, a été identifiée lors de l’exhumation du corps. Il n’a pas de nom mais il est considéré par l’Église lui aussi comme un martyr, au titre du «baptême du sang» ».
Le massacre de la famille Ulma a par ailleurs eu lieu le 24 mars, à la veille de la Fête de l’Annonciation. C’est un signe qui a été retenu par la Positio (le rapport du dicastère pour les Causes des saints ayant permis d’établir le martyre de la famille Ulma, ndlr). « Aujourd’hui, le 25 mars est aussi en Pologne la journée dédiée à « la vie naissante ». Cette histoire de la famille Ulma peut aussi donner une grande espérance pour des familles ayant perdu un enfant », souligne la vaticaniste. « Cela rappelle la valeur de la vie des plus petits, des personnes ayant eu les vies les plus courtes, dont l’Église peut ainsi reconnaître la sainteté. »
La béatification des jeunes enfants permet de rappeler l’importance du baptême. L’Église a une certitude de foi inébranlable concernant le salut des enfants baptisés qui sont morts avant d’avoir atteint la conscience et la volonté, ce qui leur permettait de commettre un péché personnel. En outre, le cas du plus jeune enfant encore à naître, qui recevra bientôt l’honneur dû aux bienheureux sur un pied d’égalité avec ses parents et ses frères et sœurs baptisés, constitue une prémisse importante pour la réflexion de l’Église sur le sort des enfants morts avant le baptême.